Morazan – Perquin, El Mozote

Je vous parlais dans le précédent article de la région de Morazan et de son rôle dans la Guerre civile salvadorienne (1979-1992). Afin d’en découvrir davantage, nous sommes partis dans les villages de Perquín et El Mozote, village au lourd passé pour comprendre les enjeux de cette guerre meurtrière.

Premier stop à Perquín, connu pour sa petite église pittoresque et colorée mais aussi son histoire. Sur la place centrale nous prenons des photos et nous rendons à l’intérieur de cette petite église où tout le mobilier est en bois. Un homme d’un âge avancé vient nous parler pour échanger sur l’histoire du village et de la région, on apprend alors qu’il est un ancien guerrillero qui a combattu lors de la guerre civile alors qu’il était encore adolescent. Il nous explique que le choix était simple : « soit tu te battais pour les guerrilleros soit tu faisais partie de l’armée, pas d’entre-deux possibles, il fallait faire son choix ». De jeunes hommes de 12 ans se sont donc par exemple retrouvés avec des armes dans les mains prêts à se défendre.

Cette guerre s’est déclenchée suite à un fort mécontentement social des salvadoriens contre l’élite du pays composée de seulement 14 familles qui possédaient alors toutes les richesses du Salvador. La population réclamait justice sociale et liberté d’expression dans un Salvador géré par une toute petite minorité.

Cette guerre est aussi et surtout un enjeux international comme tant d’autres à cette époque avec pour source la Guerre Froide. Les Guerrilleros étaient financés par la Russie et l’armée de l’État par les Etats-Unis.

Après cet échange des plus intéressants, on nous conseille d’aller au musée de la Guerre civile pour découvrir les vestiges et les dates clés. Un guide du musée, ancien guerrillero également, nous explique les différentes pièces présentes, il nous montre aussi les impacts de balles qu’il a sur le corps et sa jambe qui l’empêche de marcher correctement.

Il est très ouvert et heureux de notre curiosité, il accepte de répondre à nos questions et nous confit la chose suivante suite à la question « La Guerre a-t-elle apporté la justice recherchée ? », il nous répond « Nous avons gagné la liberté d’expression, nous avons le droit de ne pas être d’accord avec le Président, mais à l’issue de la guerre, nos camarades qui avaient combattus à nos côtés et qui sont arrivés au pouvoir par la suite, nous ont oubliés et pour la justice sociale recherchée, quand ils parlaient de combattre la pauvreté, c’est la leur et celle de leurs copains qu’ils ont aidé, pas celle de la population… Alors beaucoup de gens ont perdu la vie, sont mutilés pour une guerre qui finalement n’a pas donné la paix voulue, l’idéal recherché… »

Avion de l’armée détruit par les guerrileros

Stand de munitions

Tunnel utilisé par les guerilleros pour se cacher

Deuxième stop de la journée à El Mozote, village victime d’un génocide barbare de la part de l’armée de l’État qui tua l’ensemble de sa population, la plupart des victimes étaient des enfants. Au monument de mémoire on peut y lire les noms et le jeune âge des victimes. L’escadron de la mort qui a fait ce génocide avait été entrainé par l’armée états-uniennes au Texas pour commettre ce crime atroce.

Mémorial d’El Mozote

Le village garde donc une atmosphère des plus pesantes mais reste un devoir de mémoire, un lieu qu’il faut visiter pour comprendre la Guerre-civile du plus petit pays d’Amérique centrale.

Église d’El Mozote

Il faudrait encore beaucoup de détails pour tenter d’avoir tous les regards et l’ensemble des informations de cette guerre qui reste encore méconnue…

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Morazan – Arambala

Un départ toujours plus matinal pour une aventure de plusieurs jours dans la partie oriente du pays! C’est parti pour un petit voyage de 3 jours pour Morazan et La Union!

Morazan est un département du pays assez peu peuplé, oublié par les gouvernements successifs avec un lourd fardeau resté de la guerre civile des années 80. Beaucoup d’habitants du département ont fui pendant la guerre vers les Etats-Unis ou les pays voisins, ce qui explique que ce département est le moins peuplé de tout le pays. Je reviendrai sur le sujet dans mon prochain article sur Perquin et El Mozote, deux villages clés pour tenter d’expliquer la guerre civile.

Pour se rendre à Morazan, il faut compter environ 4h/5h de route depuis la capitale selon le trafic, nous avons fait une petit pause à mi-chemin à San Miguel avant de partir pour Morazan car c’est un peu la dernière grosse ville pour être sûr de faire un bon plein d’essence avant les routes solitaires de Morazan.

Pour notre premier jour, nous avons choisi de commencer avec une randonnée pour les cascades de la Olomina et Las Pilas situées à Arambala. Pour s’y rendre, contactez La posa de la culebra sur Instagram. Attention, la route en arrivant de Arambala à La Posa de la culebra est en terre, mieux vaut être en 4×4!

Arrivée à la Posa, qui est en fait un terrain de camping, notre guide nous attend, vamonos!

Vue du début de la randonnée, au loin, au milieu, des cascades!

Après environ 45 min de marche à travers la montagne en montée, nous arrivons à la première cascade: Olomina. Une cascade d’un bleu/vert superbe, une eau froide, de quoi se rafraichir après la demi-heure de marche entre ombre et soleil! Nous sommes passés d’une zone assez sèche en début de randonnée, en plein soleil, à la forêt plutôt épaisse, sombre qui ne fait que de monter, une marche fatigante mais la découverte de cette cascade, qui vient du Rio Sapo, est la récompense pour ces efforts!

Notre guide nous explique que dans ce coin de nombreux animaux sont présents: oiseaux, petits mammifères, serpents et les fameux puma! Mais la chance de les croiser est faible, il vaut mieux s’y rendre de nuit, ce qui est aussi possible avec lui.

Petit passage vers un pont levant pour accéder à une zone privée (1$ la traversée) qui vient d’être aménagé afin de rendre la zone plus touristique avec accès à des campings et gîtes natures (à venir!)

Après environ 25min de marche nous arrivons à la seconde cascade, impressionnante par sa taille et son flux, nous voilà à Las Pilas! Se baigner seuls, au milieu d’une cascade dans la forêt ça n’a pas de prix!

Comptez environ 2h30/3h pour faire cette randonnée aller/retour, et 20$ pour le guide, que vous soyez 2 ou 10 c’est le même prix.

Nous repartons d’Arambala émerveillés par ces belles cascades et sa nature dense. En chemin pour trouver l’hôtel, nous nous perdons, aucune pancarte pour nous indiquer le nom de l’hôtel, après 3/4 aller/retour sur la même route, nous le trouvons finalement! Ce sont des cabanes un peu perchées, la route est très très abrupte, mouillée, on a beau être en 4×4, les roues glissent quand nous montons le chemin de pierre, venir ici en saison des pluies n’étaient peut-être pas la meilleure idée ahah. Après 5/10min à essayer de grimper sans que le 4×4 recule, nous arrivons ENFIN au parking sain et sauf, alleluia! Le lieu a l’air désert… nous trouvons tout de même quelqu’un à la réception qui nous emmène à notre cabane tout confort et très jolie!

Pour les deux nuits, nous avions réservé une cabane en bois à l’hôtel El Ocotal pour 40$ les deux nuits avec petit déjeuner compris. Attention, la nuit à Morazan, il fait « froid », particulièrement pendant la saison des pluies, bien prévoir de quoi se couvrir et les seuls petits restaurants ou pupuserias croisés pendant la route ferment tôt, les lumières de certain villages sont d’ailleurs inexistantes, alors on mange à l’hôtel ou l’on va chercher son repas avant la nuit!

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